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Comment le tri à la source peut transformer la performance environnementale des chantiers?

Le Québec s’est doté d’objectifs ambitieux pour mieux gérer ses matières résiduelles. Dans le secteur de la construction, de la rénovation et de la démolition (CRD), la Politique québécoise de gestion des matières résiduelles (PQGMR) et son Plan d’action 2019-2024 vise notamment à détourner 70 % des résidus du bâtiment de l’élimination. Pourtant, en 2023, plus de 1,6 millions de tonnes de résidus de CRD ont été directement enfouies, amenant le taux de mise en valeur des résidus de CRD à 26 %, loin de l’objectif fixé. 

Bilan 2023 RECY-QUÉBEC : bilan-gmr-2021-crd.pdf 

Face à ce constat, l’APCHQ a mandaté Stratzer , avec le soutien financier du Fonds Écoleader, pour documenter une solution prometteuse : le tri à la source sur les chantiers. Il s’agissait de développer une approche systématique et d’en tester les impacts environnementaux, mais aussi au niveau des coûts et du temps de main-d’œuvre.  

 

Une méthodologie structurée sur le terrain 

Ce projet pilote, mené en 2023, s’est appuyé sur une méthodologie rigoureuse et reproductible. Sept entrepreneurs volontaires de différentes régions ont mis à l’essai le tri à la source sur 11 chantiers, en construction et en rénovation. 

Chaque chantier a bénéficié d’un accompagnement personnalisé de Stratzer portant sur les éléments suivants : 

  • Élaboration d’un Plan de gestion des résidus de chantier (PGRC) propre à chaque projet;
  • Organisation d’une rencontre de démarrage et formation des équipes;
  • Production d‘affiches
  • Affichages et d’identification des et contenants identifiés pour faciliter le tri;
  • Réalisation du suivi de l’implantation sur le chantier et rencontre de rétroaction.

Les entrepreneurs ont pu choisir les matières qu’ils souhaitaient trier parmi une liste établie, tout en conservant une flexibilité d’adaptation selon leurs réalités.

 

Et l’implication des entrepreneurs dans tout ça ? 

L’implication des entrepreneurs a été un facteur clé de réussite. Non seulement ils ont participé activement à la planification, mais ils ont aussi mobilisé leurs équipes pour appliquer le tri à la source dans les opérations quotidiennes. 

Les résultats montrent un engagement concret : 

  • En moyenne, six voies de collecte ont été mises en place par chantier (jusqu’à 12 dans certains cas);
  • Les matières les plus fréquemment triées étaient le bois, le carton, le métal et les matières recyclables;
  • Plusieurs entrepreneurs ont même trié des matières non prévues initialement dans leur PGRC.

Les chantiers de rénovation ont permis un tri plus diversifié grâce à la déconstruction (portes, fenêtres, moulures, planchers, etc.), souvent propice au réemploi. 

 

Quels résultats ont été obtenus?  

L’analyse des données a permis de tirer un constat clair : le tri à la source augmente fortement le taux de mise en valeur des résidus de CRD. 

  • +25 points de pourcentage en moyenne sur les 11 chantiers, comparativement aux pratiques usuelles;
    • En construction neuve, le taux de valorisation est passé de 28 % à 56 %;
    • En rénovation, il est passé de 46 % à 63 %;
  • Deux chantiers ont même dépassé le seuil de 70 % fixé par la PQGMR, atteignant 71 % et 97 % !

Le tri à la source a permis de capter une plus grande diversité de matières, dans de meilleures conditions, en limitant la fragmentation et la contamination. Il s’est également avéré complémentaire aux centres de tri, qui agissent pour valider la qualité des matières triées à la source, sinon retrier ces matières. Ils permettent aussi de conditionner la matière et consolider les gisements avant de les acheminer vers les débouchés, puis de récupérer ce qui est valorisable parmi les résidus mixtes restants. 

 

Impacts sur les coûts et la main-d’œuvre 

Au-delà des bénéfices environnementaux, le tri à la source a aussi été évalué en termes d’impacts sur les opérations et les coûts. En moyenne, les entrepreneurs ont estimé à 12,5 heures le temps de travail supplémentaire requis pour mettre en place et gérer le tri sur des chantiers de 3 à 9 mois. Ce temps était principalement consacré à la planification, au tri des matières et à la mise en place des outils (affichage, suivi, collecte). Toutefois, tous s’accordent à dire que ces efforts diminueraient significativement sur les chantiers suivants, grâce à l’expérience acquise et à l’optimisation des processus. 

Sur le plan financier, les résultats sont encourageants : 

  • 6 chantiers sur 11 ont vu leurs coûts de gestion des résidus diminuer, malgré l’introduction du tri à la source. 
  • En excluant les ressources humaines, le tri à la source a entraîné une diminution moyenne des coûts de 1 %, soit environ 228 $ de moins par chantier, avec des variations allant d’une baisse de 28 % à une hausse de 30 % selon les cas. 
  • Les gains ont été particulièrement notables lorsque les matières valorisables (comme le métal) ont été revendues, ou lorsque la location des conteneurs a été optimisée selon les phases du chantier. 

En incluant les ressources humaines, le coût supplémentaire moyen a été de 546,93 $ par chantier. Rapporté au coût moyen d’une maison neuve (460 000 $, SCHL 2023), cela représente seulement 0,1 % du budget total de construction. 

Ces données montrent que le tri à la source est non seulement bénéfique en termes de performance environnementale, mais qu’il peut aussi être économiquement viable, voire avantageux, surtout à long terme. 

 

Une pratique prometteuse, mais encore peu répandue 

Malgré ces résultats positifs, plusieurs enjeux subsistent : 

  • Complexité logistique du tri sur chantier ;
  • Manque de débouchés pour certaines matières comme le gypse ou la styromousse ;
  • Inégalité régionale dans l’accès aux services de collecte et de traitement ; 
  • Enjeux de logistique dans certains centres de tri non conçus pour recevoir les matières triées à la source ;
  • Absence de cadre réglementaire spécifique pour les résidus de CRD.

Les entrepreneurs ont souligné la valeur éducative du projet, qui leur a permis de mieux comprendre les enjeux liés aux matières résiduelles, de mesurer les volumes générés, et d’identifier les actions concrètes à poser pour améliorer leurs pratiques. 

Plusieurs d’entre eux souhaitent poursuivre le tri à la source sur leurs chantiers futurs et ceci est une belle réussite. 

 

Les pistes de solutions pour un changement durable 

Le projet a révélé l’ampleur des transformations possibles lorsque l’ensemble des parties prenantes  travaillent ensemble : entrepreneurs, professionnels, municipalités, centres de tri, etc. 

Parmi les leviers identifiés pour généraliser la pratique : 

  • Mettre en place une réglementation provinciale encadrant la gestion des résidus de CRD ;
  • Développer des outils uniformisés (codes couleur, pictogrammes, plans de tri) ;
  • Offrir des formations ciblées et de l’accompagnement aux professionnels du bâtiment ;
  • Mieux intégrer les enjeux de tri à la conception des bâtiments et à la modernisation de la collecte sélective ;
  • Valoriser l’expertise et les initiatives locales.

 

Stratzer, un acteur de transformation durable 

Ce projet pilote démontre qu’avec de la planification, du soutien et de l’engagement, le tri à la source est non seulement faisable, mais performant. Il représente une piste concrète pour améliorer la gestion des matières résiduelles dans l’un des secteurs les plus générateurs de déchets au Québec. 

Stratzer est fier d’avoir contribué à cette avancée en accompagnant les entrepreneurs dans une démarche environnementale structurante et en fournissant les bases d’un modèle reproductible à grande échelle. D’ailleurs, Stratzer a aussi produit, avec l’APCHQ, une trousse d’outils pour les entrepreneurs, celle-ci comprenant un modèle de PGRC et des affiches pour identifier les matières triées sur le chantier. Par ailleurs, pour les donneurs d’ordres, un autre outil est disponible et permet l’intégration des clauses spécifiques à la GMR lors des appels d’offres de projets de construction, de rénovation et de démolition. Celui-ci a été développé avec la participation de nombreux acteurs, dont Stratzer. 

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